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Europe 4 Space WebLog
1 août 2006

édito juillet 06

Discovery est revenu et à peine à t’on su que l’astronaute européen Thomas Reiter est resté dans l’ISS pour entamer la mission Astrolab pendant près de 6 mois. La mise en scène autour de la navette a fonctionné à merveille et a réussi à éclipser le reste des enjeux liés aux STS. Que ce soit le décollage, le déploiement du nouveau bras articulé pour inspecter le ventre de Discovery ou le retour sur terre, à travers le récit médiatique délivré, on ne sait presque rien des autres aspects de la mission. Même l’ISS et sa construction, alibi clé de la remise en selle des navettes, ont été complètement escamotés par les aventures de STS 121.

Evidemment, nous nous réjouissons du retour en vol des navettes. Nous nous sommes déjà exprimé à ce sujet et sur leur efficacité redoutable et nécessaire dans la construction de l’ISS. La finalisation de la station internationale doit être soutenue et garantir nos intérêts pour le plus long terme (on pense ici à notre module scientifique « Columbus » qui doit être envoyer d’ici un an). Aussi, nous n’allons pas revenir sur l’exigence de finir la station dans des conditions convenables mais les aspects scientifiques, industriels, stratégiques ou prospectives concomitant à la station, doivent primer. Pourtant, à nouveau, quelques petites leçons doivent être tirées du vol STS 121. La mise en scène autour de Discovery, volontaire ou pas, est déterminante pour pouvoir entendre parler des dernières missions STS. Les enjeux ont été décuplés et ceci, là aussi, de façon volontaire ou non. L’ISS, sur ce point, est beaucoup moins rock & roll que les décollages et les atterrissages à suspens des vols STS. Les expériences en laboratoire, les discours en orbite sur la destinée de

la Terre

ou l’entretien de la station sont plus lointain et portent réthoriquement moins pour une audience en quête de véritables enjeux et de nouveaux exploits. Les agences spatiales devront travailler sur ce facteur pour rendre visible d’un point de vue médiatique la présence de Thomas Reiter au sein de l’ISS. Nous sommes ici au cœur d’un problème fondamental pour la politique spatiale en Europe : rendre les missions passionnantes et faire comprendre les enjeux. C’est un nouveau défi de taille pour l’ISS et l’occasion d’en faire un héros européen devrait tenter les agences et responsables politiques à travers notre communauté. Pourtant le manque de visibilité et la quasi confidentialité médiatique d’Astrolab nous fait douter quelque peu de l’impact réel d’une telle mission sur l’audience européenne ces prochains mois.

Avec Thomas Reiter, la politique spatiale habitée européenne prend forme et sera concrète pendant près de 6 mois. C’est une occasion formidable à saisir. Nous espérons que tous les partis en jeu autour de l’avenir de la politique spatiale européenne prendront conscience de cette mission au delà d’une simple mise en scène purement médiatique. Il faudra montrer que l’espace habité n’est pas seulement synonyme de 100 milliards de dollars et d’inutiles expériences scientifiques en orbite. Les résultats de ces expériences devront être expliquer et mise en valeur de façon remarquable. Le tabou lié aux vols habités devra là aussi être discuter de façon sereine et exemplaire. Evidement la politique de communication des différentes agences et institutions en œuvre doit être revue mais la façon de « vendre les vols habités » au public européen doit aussi être revue de fond en comble.

A l’heure où l’espace mondial vit des heures sombres, au moment où l’Union européenne se donne du temps pour réfléchir sur son avenir politique, quel formidable symbole que de voir un astronaute européen au sein d’un édifice international à dimension géostratégique, scientifique et technique! L’Europe spatiale sera pendant 6 mois partenaire du plus vaste projet scientifique de notre temps – il est temps d’exploiter à fond cette opportunité pour faire comprendre ce que l’on fait là haut … !

Nicolas TURCAT

Président de

la NSS France

 

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