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Europe 4 Space WebLog
21 septembre 2005

Grands programmes ?

Il est rare que j'aborde des sujets connexes à l'Europe spatiale, mais je tenais à vous faire partager ce papier de l'Institut Montaigne de M. Claude Bébéar. Le colloque, organisé par son think tank Institut Montaigne, porta sur '' les grands programmes font-ils les grandes inventions ?'' le 20 septembre dernier.

 

Voici donc le pitch de la conférence  : '' Comment doper la recherche et relancer l’innovation, génératrices de croissance et créatrices d’emplois ? La France opte traditionnellement pour de vastes projets de recherche appliquée, pharaoniques tant par la taille des équipes que par les moyens engagés. Le souci légitime de résultats rapides et concrets en vient à éclipser l’importance de la recherche fondamentale et l’exigence d’une allocation parcimonieuse des crédits publics. Les mesures annoncées au printemps 2005 (nouvelles agences, grands programmes) s’inscrivent dans cette logique. Mais est-elle la bonne ? Pas si sûr… Pariez sur la recherche fondamentale, sélectionnez des équipes restreintes, allouez-leur des moyens modestes pour l’État mais considérables pour elles et voyez comment de « petits » projets débouchent souvent sur des idées nouvelles, de grandes réalisations voire des ruptures technologiques majeures''.

 

Dans le papier corrélatif à la conférence et préparant cette dernière, daté du mois d'août ''Amicus Curiae'', l'exception française est loin d'etre exempte de défaut : beaucoup d'agences (agence pour l'innovation industrielles ou l'agence nationale de la recherche), de grands organismes de recherches généralistes ou sectoriels comme le CNES ou l'ONERA dans le domaine qui nous interresse, une marginalisation complète de nos universités. Selon le ''position paper'', le Ministère de la Recherche est désormais incapable de prendre des risques ou même de gérer à temps les opportunités de recherches innnovantes. D'emblée, le papier de l'Institut Montaigne évoque l'impossibilité réaliste de faire une ''révolution'' mais plutôt une réforme de l'intérieur en tenant compte des contingences politiques et financières. L'Institut Montaigne déplore aussi la recherche orientée ou la recheche purement technologique dans la mesure où elles sont facilement faisables et déjà en cours; le papier entend alors remettre en avant la Recherche fondamentale. Se fondant sur le fait que les grandes découvertes ou ruptures technologiques n'ont pas été orientées mais trouvées accidentelement ou étant le fruit d'une recherche fondamentale poussée.

 

Ainsi l'Insititut propose de parier sur la recherche fondamentale et des équipes restreintes avec un programme dit ''rouge''. Ce programme rouge comprendrait 100 équipes en sciences dures et 50 en sciences humaines et sociales dans le cadre de l'agence national pour la Recherche. Les équipes selectionnées, en plus de leur propre financement déjà en cours, auraient une dotation financière substantielle répartie sur 3 ans. Ainsi une équipe en sciences dures pourrait se voir doter de 300.000 euro par ans pendant 3 ans, et une équipe en sciences sociales de 100000 euro par an pendant la même période. Le total ferait un engagement pour les finances publiques de 35 millions d'euro par an, soit 105 millions sur 3 ans, ce qui serait raisonnable si on les compare aux 700 millions de dotations sur 3 ans de l'Agence nationale de la Recherche ou aux 2 milliards d'euros pour l'Agence de l'Innovation Industrielle déjà engagés. Ce budget de 35 millions d'euros devrait etre imputé à l'Agence nationale pour la Recherche et serait le complément au traditionel programme ''blanc'' (déjà 202 millions d'euro) de l'agence qui lui sélectionne les équipes de recherche et les travaux à faire (donc = recherche trop orientée) par des groupes d'experts. Notons que les 150 équipes du programmes rouges serait selectionnées en 3 mois à l'initiative du DG du CNRS et de l'INSERM, déjà compétents. C'est donc bien une mesure rapide et d'ugence constituée d'équipes déja habituées à travailler ensemble et cohérente dans ses travaux. Les resultats des travaux seront évalués a posteriori au cours de la 3ème année.

 

L'avantage de cette stratégie est qu'elle évite la creation de structures nouvelles, elle permet aussi d'accélerer les projets en cours ou d'emprunter de nouvelles pistes de recherches abordant des sujets nouveaux. Cette stratégie selon l'Institut Montaigne semble s'intégrer au mieux dans le cadre de la politique gouvernementale de développement des poles de compétitivité. C'est donc bien mesure concrète et opératoire que nous propose ici l'Institut de Claude Bébéar face à l'agence pour l'innovation industrielles de Jean-Louis Beffa encore balbutiante. La démarche est intéressante et, au dela du titre de la conférence un peu polémique, met en avant la necessité absolue de conserver une recherche fondamentale de qualité dynamique et hors contrainte financière trop stricte en Europe et en France. La stratégie empruntée m'a semblée interessante pour etre soulignée.

 

le lien de l'institut Montaigne : ici

 

A réfléchir pour la politique spatiale européenne ...

 

Nicolas Turcat

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