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Europe 4 Space WebLog
11 mai 2004

Le projet spatial du Président Bush doit être récupéré !

Comme l'on pouvait s'y attendre le projet d'exploration spatiale du Président Bush subit des assauts répétés de tous les bords et semble se dissoudre dans le mouvement brownien des intérêts et des querelles individuels. Chaque chroniqueur concerné par l'espace y va de ses critiques, de ses analyses empiriques, ou de ses estimations plus délirantes les unes que les autres. Beaucoup de Sénateurs ou de membres de Congrès, Démocrates ou Républicains, poursuivent un travail de sape - qui débuta il y a bien longtemps avec le minage du programme de la station spatiale. Les uns sont vexés de ne pas avoir été consultés dans l'élaboration du projet; d'autres hypnotisés par le déficit budgétaire, sont à la recherche de tout ce qui peut être englouti dans le puits sans fond, tuant par la même ce qui serait susceptible de dégager un surplus de richesse économique, s'enfermant ainsi dans un cercle infernal. Des élus du Congrès, d'habitude favorables à l'espace habité, prennent des prétextes comme la fausse affaire du télescope Hubble, ou de l'exigence immédiate de connaître les investissements nécessaires à l'ensemble de l'Initiative présidentielle pour bloquer tous les travaux sur cette dernière ou s'opposer aux crédits de l'Agence spatiale américaine. Contrairement à ce que certains expriment, nous ne mettrons pas la NASA sur la sellette : le changement de cap demandé, suite à l'accident de Columbia, dans un milieu politique plus ou moins hostile et avec des contraintes budgétaires strictes, nécessite la conception d'une stratégie et de tactiques qui ne sont pas évidentes, ce à quoi s'emploient avec habilité l'administrateur O'Keefe ou les membres des Commissions de 'Pete' Aldridge ou de Craig E. Steidle et d'autres. Cependant, bizarrement, en dehors du staff de la NASA et d'une douzaine d'associations concernées comme Planetary Society, NSS ou Mars Society, nous pourrions nous demander où est passée l'Administration Républicaine, initiatrice du projet ?! Et ce sont quelques Sénateurs, élus dans des Etats vivant de l'espace, comme le Démocrate de Floride Bill Nelson ou les Républicains d'Alabama comme Richard Shelby et Jeff Sessions qui vont à la bataille pour restaurer le budget de l'Agence spatiale.

Hélas, si cette Initiative spatiale ne survit pas, la seule hypothèse d'avenir décente pour l'humanité s'éloignera encore un peu plus. Le candidat démocrate à l'élection présidentielle n'ayant pas montré, jusqu'à maintenant, un grand intérêt pour le sujet - si ce n'est dans des banalités du genre : « Tout cet argent serait mieux dépensé sur Terre » - il nous semble probable qu'en cas de victoire de ce dernier l'on en revienne au train-train calamiteux : Hubble serait maintenu quelques années de plus, en attendant Webb, les scientifiques et les opposants à son arrêt, paradoxalement à la vue très courte, crieraient victoire, puis les amateurs de monuments historiques en auraient un autre de plus à vénérer. Trois navettes, certifiées selon le sacro-saint « principe de précaution », voleraient de temps à autres vers une station spatiale internationale réduite à sa portion congrue. Là-haut deux ou trois astronautes manipuleraient quelques machines à « branler » les molécules sous les ordres de « savants » restés sur Terre, dans l'hypothèse de trouver un produit miracle pour l'économie néo-libérale (investissements minima en recherche, maxi retombées financières sur le Marché). Nous n'oublierions pas de continuer à étudier l'homme et les petits vers dans le milieu spatial, sait-on jamais si nous allions sur Mars, un jour, dans le XXII ème siècle !

Il ne s'agit pas ici de disserter sur la politique conduite par le Président Bush, mais sa directive spatiale du 14 janvier au siège de la NASA permit l'émergence d'une proposition spatiale efficace, cohérente et porteuse d'un sens et d'un avenir pour une humanité sombrant actuellement dans un hédonisme imbécile et une logique financière aberrante. Cette dernière mode économique, tout en étant une impasse, génère deux monstruosités potentielles : la dictature écologique et le terrorisme, tout en entretenant un pessimisme culturel alimentant une révolution anti-scientifique. Cette « Vision » présente l'avantage de participer à 1a sortie de ce cercle infernal, elle jette le prémices d'une civilisation tournée vers l'espace, porteuse d'une véritable nouvelle économie, c'est pour cela qu'il faut prendre les initiateurs de cette opportunité aux mots et exiger sa réussite.

Et en Europe ! Certains seraient heureux de son échec, d'autres en profiteraient pour poursuivre le « Business as Usual » dans la virtualité du monde d' « Aurora » ; Ariane est délocalisée en « Soyuz à Kourou » ! (dans le domaine de la diminution des coûts « Long March » et « Shenzhou » seraient encore plus performants), et l'utopie de la coopération à tous crins continuera de nous bercer d'illusions. Mais ce qui vaut pour l'avenir de l'Amérique vaut aussi pour celui de l'Europe si elle veut être autre chose qu'un Marché ou un parc de loisir à thèmes.

A. T.

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