Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Europe 4 Space WebLog
14 juillet 2004

Conseil Economique et Social - Rapport Pompidou.

La lecture du rapport de M. Pompidou pour le Conseil Economique et Social Français intitulé ‘’la politique spatiale de Recherche et de développement industriel’’ n’est pas des plus prometteuses pour le vol habité. Le but premier du rapport Pompidou était d’étudier les corrélations entre les institutionnels et le tissu industriel. Outre le fait – dont nous soutenons l’esprit – que l’espace est un enjeu stratégique fondamental pour l’affirmation de l’Europe ou que l’espace est un secteur en mutation dû aux nouveaux contextes. Les quatre priorités notées par le CES sont donc les suivantes : développer la base scientifique et technologique européenne, renforcer le secteur applicatif dans le domaine satellitaire, maintenir l’indépendance d’accès, et réaffirmer que l’espace est un outil pour la recherche. De façon plus concrète, il s’agit d’investir dans des secteurs de recherche grâce à un fort investissement public massif. Le rapport recommande dans le même temps, la création d’un équivalent au ‘’Buy US Act’’ au niveau européen afin d’offrir de meilleurs garanties à la politique spatiale européenne. Une conférence spatiale européenne est aussi appelée à être formée afin de redéfinir dans une perspective de construction européenne et à l’aube d’une nouvelle constitution, une politique spatiale cohérente. Le CES préconise aussi une évolutions des pratiques communautaires comme l’abandon de l’idée du juste retour pour l’idée de la juste contribution. Cette évolution permettrait de faire émerger un secteur de technologie spatiale profondément lié à l’industrie. Ainsi, au niveau national le CNES passerait de la tutelle de la Recherche à celle de l’industrie. Concernant l’exploration – peut-être dans l’idée des rédacteurs : des vols habités ? – Il s’agit pour le CES de réévaluer l’attitude des américains face à l’accomplissement de l’ISS, donc attendre et voir ce qui va se dérouler les prochains mois, et pourquoi pas s’engager en coopération dans des plans d’explorations à des fins scientifiques. L’idée d’installer un observatoire habité sur la Lune est ainsi effleuré, et il est ‘’naturel’’ selon le conseil de s’allier afin de favoriser la dimension humaine de l’exploration spatiale. GMES, Galileo sont perçus aussi comme des œuvres fédératrices afin de réaffirmer la volonté et l’ambition de l’Europe sur la scène internationale. Outre le fait que l’exploration ne doit être bridée à des fins strictement scientifiques et que le vol habité pourrait être considéré comme une vrai œuvre fédératrice novatrice, le Conseil va en général dans le sens du Papier Blanc rendu il y a un an de cela. Le meilleur exemple de cohésion sociale et d’innovation (promut par notre Président de la République ce 14 Juillet 2004) pourrait être un programme spatial européen .En guise de conclusion, le rapport finit sur cette phrase ‘’il s’agit de définir une politique spatiale cohérente basée sur des choix pragmatiques et suffisamment ambitieux’’ (…) ’’ la France a les capacités d’en initier le mouvement. Elle doit s’y engager résolument’’.

La NSS France a apprécié certains aspects volontaristes du rapport et particulièrement concernant la corrélation entre industriels et institutionnels ou le lien à l’Europe. Il est désormais évident que la politique spatiale se déroulera au niveau européen. La France peut jouer un rôle moteur dans un vaste phénomène d’entraînement qui permettrait à l’Europe de se bâtir plus sereinement. Nous l’avions déjà dit. L’aspect fédérateur d’une politique spatiale est mis en valeur et nous ne pouvons que nous incliner face à cette évidence. Il aurait été tout de fois judicieux d’ouvrir cette hypothèse aux vols habités et vraiment mettre en valeur cet aspect de l’exploration comme une vraie vision à long terme. Alors que les agences commencent à comprendre l’idée derrière le nouveau plan US, les politiques sont encore trop pragmatiques : parler d’espace utilitaire à une époque ou l’on veut renouveler l’idée d’une politique spatiale est déjà ‘’has been’’. La NSS France regrette d’ailleurs que le CES n’ai pas plus parlé des vols habités, certes ce n’est pas une composante fondamentale aujourd’hui mais cela le deviendra demain dans tous les cas si les USA, ou la Chine vont jusqu’au bout de leurs idées. Le CES aurait pu saisir l’opportunité de mettre en valeur cet aspect d’une politique spatiale dans un cadre résolument novateur. Par ailleurs, et paradoxalement, dans l’introduction du rapport transparaissent les raisons qui ont permis à ce rapport d’exister : le contexte international ! – ‘’l’intérêt stratégique de l’espace est plus perceptible que jamais’’ - Or les trois exemples cités concernent, de plus ou moins loin, les vols habités : la nouvelle politique US en matière d’exploration, les nouvelles puissances spatiales – nous supposons la Chine et ses taikonautes – et l’émergence de nouvelles collaborations – avec les américains ou les russes comme Soyouz à Kourou clairement identifié quelques pages plus loin comme l’opportunité à saisir pour les vols habités ? – Ces trois exemples sont flagrants d’une volonté à inaugurer une politique spatiale plus ambitieuse. L’Europe n’a toujours pas franchi ce pas. Un rapport relativement convenu n’aidera pas plus à faire avancer les choses.

Nous aurions pu attendre plus d’audace et plus de vision à long terme, mais le but premier de ce rapport n’était pas de proposer de nouvelles directions dans la politique spatiale européenne. Peut-être sera-ce le rôle de la conférence spatiale européenne promis par le CES. A nouveau, nous regrettons, le manque de positionnement clair face à une politique spatiale habitée. Et nous affirmons dans le même temps, que l’aspect ‘’inspiration’’ d’une politique spatiale ne passera pas par une vision trop pragmatique et utilitariste mais par une vision à long terme pour une Europe tendant vers une politique spatiale habitée ambitieuse. Aujourd’hui, il s’agit de savoir où se situe notre ambition. Comprenant la corrélation entre R&D, Industriels et agences spatiales, le CES a pourtant mis en avant le rôle créateur de potentiels d’activités, alors, l’ambition se situe là où on la désire. Au lieu de d’aborder ce que nous voulons vraiment pour l’avenir spatial de l’Europe, et faire des propositions concrètes, le CES s’est épanché facilement dans un bon remake du White Paper. Nous aurions pu espérer mieux.

Nicolas Turcat

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité