Conseil Economique et Social - Rapport Pompidou.
La lecture du rapport de M. Pompidou pour le Conseil Economique et Social Français intitulé la politique spatiale de Recherche et de développement industriel nest pas des plus prometteuses pour le vol habité. Le but premier du rapport Pompidou était détudier les corrélations entre les institutionnels et le tissu industriel. Outre le fait dont nous soutenons lesprit que lespace est un enjeu stratégique fondamental pour laffirmation de lEurope ou que lespace est un secteur en mutation dû aux nouveaux contextes. Les quatre priorités notées par le CES sont donc les suivantes : développer la base scientifique et technologique européenne, renforcer le secteur applicatif dans le domaine satellitaire, maintenir lindépendance daccès, et réaffirmer que lespace est un outil pour la recherche. De façon plus concrète, il sagit dinvestir dans des secteurs de recherche grâce à un fort investissement public massif. Le rapport recommande dans le même temps, la création dun équivalent au Buy US Act au niveau européen afin doffrir de meilleurs garanties à la politique spatiale européenne. Une conférence spatiale européenne est aussi appelée à être formée afin de redéfinir dans une perspective de construction européenne et à laube dune nouvelle constitution, une politique spatiale cohérente. Le CES préconise aussi une évolutions des pratiques communautaires comme labandon de lidée du juste retour pour lidée de la juste contribution. Cette évolution permettrait de faire émerger un secteur de technologie spatiale profondément lié à lindustrie. Ainsi, au niveau national le CNES passerait de la tutelle de la Recherche à celle de lindustrie. Concernant lexploration peut-être dans lidée des rédacteurs : des vols habités ? Il sagit pour le CES de réévaluer lattitude des américains face à laccomplissement de lISS, donc attendre et voir ce qui va se dérouler les prochains mois, et pourquoi pas sengager en coopération dans des plans dexplorations à des fins scientifiques. Lidée dinstaller un observatoire habité sur la Lune est ainsi effleuré, et il est naturel selon le conseil de sallier afin de favoriser la dimension humaine de lexploration spatiale. GMES, Galileo sont perçus aussi comme des uvres fédératrices afin de réaffirmer la volonté et lambition de lEurope sur la scène internationale. Outre le fait que lexploration ne doit être bridée à des fins strictement scientifiques et que le vol habité pourrait être considéré comme une vrai uvre fédératrice novatrice, le Conseil va en général dans le sens du Papier Blanc rendu il y a un an de cela. Le meilleur exemple de cohésion sociale et dinnovation (promut par notre Président de la République ce 14 Juillet 2004) pourrait être un programme spatial européen .En guise de conclusion, le rapport finit sur cette phrase il sagit de définir une politique spatiale cohérente basée sur des choix pragmatiques et suffisamment ambitieux ( ) la France a les capacités den initier le mouvement. Elle doit sy engager résolument.
La NSS France a apprécié certains aspects volontaristes du rapport et particulièrement concernant la corrélation entre industriels et institutionnels ou le lien à lEurope. Il est désormais évident que la politique spatiale se déroulera au niveau européen. La France peut jouer un rôle moteur dans un vaste phénomène dentraînement qui permettrait à lEurope de se bâtir plus sereinement. Nous lavions déjà dit. Laspect fédérateur dune politique spatiale est mis en valeur et nous ne pouvons que nous incliner face à cette évidence. Il aurait été tout de fois judicieux douvrir cette hypothèse aux vols habités et vraiment mettre en valeur cet aspect de lexploration comme une vraie vision à long terme. Alors que les agences commencent à comprendre lidée derrière le nouveau plan US, les politiques sont encore trop pragmatiques : parler despace utilitaire à une époque ou lon veut renouveler lidée dune politique spatiale est déjà has been. La NSS France regrette dailleurs que le CES nai pas plus parlé des vols habités, certes ce nest pas une composante fondamentale aujourdhui mais cela le deviendra demain dans tous les cas si les USA, ou la Chine vont jusquau bout de leurs idées. Le CES aurait pu saisir lopportunité de mettre en valeur cet aspect dune politique spatiale dans un cadre résolument novateur. Par ailleurs, et paradoxalement, dans lintroduction du rapport transparaissent les raisons qui ont permis à ce rapport dexister : le contexte international ! lintérêt stratégique de lespace est plus perceptible que jamais - Or les trois exemples cités concernent, de plus ou moins loin, les vols habités : la nouvelle politique US en matière dexploration, les nouvelles puissances spatiales nous supposons la Chine et ses taikonautes et lémergence de nouvelles collaborations avec les américains ou les russes comme Soyouz à Kourou clairement identifié quelques pages plus loin comme lopportunité à saisir pour les vols habités ? Ces trois exemples sont flagrants dune volonté à inaugurer une politique spatiale plus ambitieuse. LEurope na toujours pas franchi ce pas. Un rapport relativement convenu naidera pas plus à faire avancer les choses.
Nous aurions pu attendre plus daudace et plus de vision à long terme, mais le but premier de ce rapport nétait pas de proposer de nouvelles directions dans la politique spatiale européenne. Peut-être sera-ce le rôle de la conférence spatiale européenne promis par le CES. A nouveau, nous regrettons, le manque de positionnement clair face à une politique spatiale habitée. Et nous affirmons dans le même temps, que laspect inspiration dune politique spatiale ne passera pas par une vision trop pragmatique et utilitariste mais par une vision à long terme pour une Europe tendant vers une politique spatiale habitée ambitieuse. Aujourdhui, il sagit de savoir où se situe notre ambition. Comprenant la corrélation entre R&D, Industriels et agences spatiales, le CES a pourtant mis en avant le rôle créateur de potentiels dactivités, alors, lambition se situe là où on la désire. Au lieu de daborder ce que nous voulons vraiment pour lavenir spatial de lEurope, et faire des propositions concrètes, le CES sest épanché facilement dans un bon remake du White Paper. Nous aurions pu espérer mieux.
Nicolas Turcat